Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

auteur de l’univers a disposé toutes ces créatures, prévues par sa prescience. Si la pensée éternelle n’avait pas lu dans l’avenir la transgression de la loi qu’elle imposait, elle n’aurait pas placé sous la menace de la mort la transgression et donné ainsi une garantie contre la transgression : or puisqu’il y a en Dieu des attributs qui ne permettent pas qu’aucun mal ait pu, ail dû arriver à l’homme, ce mal existant, examinons la nature de l’homme, et voyons si ce n’est pas de la nature de l’homme, et non pas de la nature de Dieu, que provient ce mal.

Je remarque d’abord que l’homme a été créé libre, dépendant de son propre arbitre, se gouvernant par sa propre puissance. Tel est surtout le côté par lequel il est vraiment l’image et la ressemblance de Dieu. Qu’on ne s’y trompe pas ! Ce n’est point par le visage et les linéaments du corps si variés dans le genre humain, que l’homme a été façonné à l’image de Dieu ; c’est dans la substance émanée de Dieu lui-même, c’est-à-dire dans son ame qui répond à la forme de Dieu, qu’il a été marqué du sceau de sa liberté et de sa puissance. La loi elle-même que Dieu lui dicta confirme ce privilège. A quoi bon des lois pour qui n’aurait pas été maître de s’y soumettre ou non ? A. quoi bon des menaces de mort pour la transgression de la loi, si le mépris de la loi n’est pas un acte libre et spontané ? Même conduite dans les préceptes postérieurs du Créateur qui place constamment devant l’homme le « bien et le mal, la vie et la mort. » Mais que Dieu rappelle, menace, exhorte, partout vous verrez l’ordre et la sagesse de ses commandements se combiner avec la liberté de l’homme, aussi libre d’aimer que de haïr.

VI. « Je prends acte de vos paroles elles-mêmes, s’écrie-t-on. Vos démonstrations de la liberté humaine me prouvent bien qu’il faut imputer à l’homme et non pas à Dieu la catastrophe qui est. survenue. Ce point, je vous l’accorde. Mais alors pourquoi placer entre les mains de l’