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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/148

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de l’usage cesse avec le sentiment, soit que l’on n’en puisse abuser à sa volonté, par l’absence de la chose elle-même. Quant à nous, l’Apôtre ne nous permet pas d’abuser, puisqu’il nous enseigne plutôt à ne pas user de tout-, si ce n’est toutefois que ceux qui n’ont pas de sentiment, n’abusent pas, parce que tout est néant dans ce culte. L’adoration est une œuvre morte quant à l’idole, mais elle est vivante quant aux démons, auxquels s’adresse la superstition. « Qu’est-ce que les idoles des nations, s’écrie David ?

De l’argent et de l’or. Elles ont des yeux et ne voient pas ; des narines, et elles ne respirent pas ; des mains, et elles ne touchent pas ; » c’est par ces organes que l’on jouit des fleurs. Que s’il prédit à ceux qui fabriquent des idoles qu’ils leur ressembleront, ceux-là leur ressemblent déjà qui usent des ornements consacrés aux idoles. « Tout est pur pour ceux qui sont purs ; de même tout est impur pour ceux qui sont impurs : » or, quoi de plus impur que les idoles ?

Au surplus, toutes les substances, en tant que créatures de Dieu, sont pures, et à ce titre sont d’un usage commun ; mais la manière d’en user n’est point indifférente. En effet, j’immole un coq pour moi, de même que Socrate pour Esculape : que l’odeur de quelque lien me répugne, je brûle quelque parfum d’Arabie ; sans doute, mais non avec les mêmes rites, les mêmes insignes, les mêmes cérémonies que devant une idole. Si, en effet, la simple parole suffit pour souiller la créature, au témoignage de l’Apôtre, « Si quelqu’un vous dit : Ceci a été immolé aux idoles, n’y touchez point, » à pins forte raison est-elle souillée, quand vous dansez avec le vêtement, le rite et la cérémonie des idoles. Ainsi la couronne devient chose consacrée aux idoles. Avec ce rite, ce vêtement et ces cérémonies, elle est immolée à ses propres auteurs dans la personne de l’idole. Aussi le Chrétien ne doit-il pas participer à un usage qui leur est spécialement réservé, puisqu’il ne se trouve point parmi les choses de Dieu.