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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/180

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par mes supplications, par mes instances, la santé de la patience que je n’obtiens pas, surtout quand je considère, dans la contemplation de ma faiblesse, qu’il est difficile à la foi chrétienne et à la doctrine du Seigneur de conserver toute leur vigueur, si la patience ne vient à leur secours. Elle est donc tellement inséparable des choses de Dieu, que personne, sans la patience, ne peut accomplir aucun précepte ni faire aucune œuvre agréable à Dieu. Ceux même qui vivent dans les ténèbres l’honorent du nom de vertu souveraine. Les philosophes, du moins ceux qui passent pour des animaux de quelque sagesse, font tant d’estime de la patience, que, malgré la capricieuse diversité de leurs sectes et l’opiniâtre opposition de leurs sentiments, d’accord néanmoins sur la patience, c’est à la patience seule qu’ils confient la paix de leurs études. C’est à elle qu’ils s’attachent dans un lien commun ; à elle qu’ils s’appliquent de concert pour arriver à une réputation de vertu ; par elle enfin qu’ils arborent tout l’appareil de leur sagesse. Magnifique témoignage en faveur de la patience, puisque la vaine philosophie du siècle lui demande sa gloire et son mérite ! Ou plutôt n’est-ce point une honte qu’une chose si divine soit profanée par la science du monde ? Mais laissons là ces hommes, qui auront bientôt à rougir de leur sagesse détruite et flétrie avec le siècle.

II. Pour nous, ce n’est point une affectation superbe, formée par l’orgueil d’une indifférence toute cynique, qui nous impose l’obligation de pratiquer la patience ; c’est la suprême et. vivante règle d’une doctrine céleste qui nous représente Dieu lui-même comme le plus parfait modèle de la patience. D’abord, « il sème également la rosée de sa lumière sur les justes et les injustes ; » il distribue à ceux qui le méritent, comme à ceux qui ne le méritent pas, les bienfaits des saisons, les dons des éléments, les tributs de toute la création ; il supporte l’ingratitude des nations qui adorent les bizarres fantaisies de leurs mains et de leurs arts, blasphèment son nom et persécutent ses serviteurs.