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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/203

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TERTULLIEN DE LA PÉNITENCE.

I. Les hommes, privés de la lumière du Seigneur, comme nous l’étions nous-mêmes autrefois, connaissent, d’après les seules lumières de la nature, la pénitence, qu’ils définissent un certain mouvement de l’ame que suscite le regret d’une action précédente. Mais d’ailleurs ils sont aussi loin de la raison de la pénitence, qu’ils sont loin de l’auteur lui-même de la raison. La raison est l’attribut essentiel de Dieu. Dieu, en effet, créateur de toutes choses, n’a rien prévu, disposé, ordonné sans raison ; il a voulu que rien ne fût compris ni expliqué que d’accord avec la raison. Conséquemment ceux qui ignorent Dieu doivent ignorer nécessairement son œuvre ; aucun trésor n’est ouvert aux étrangers. Aussi qu’arrive-t-il ? Traversant tout le détroit de la vie sans le gouvernail de la raison, ils ne savent pas éviter la tempête qui gronde sur le siècle. Pour montrer combien est déraisonnable l’idée qu’ils se forment de la pénitence, il suffira d’un seul trait : ils la font entrer jusque dans leurs bonnes actions ; ils se repentent d’avoir montré de la bonne foi, de la charité, de la simplicité, de la patience, de la miséricorde. Quelque chose a-t-il mal réussi, ils ne se pardonnent pas d’avoir fait le bien ; ils immolent au fond de leur cœur cette espèce de pénitence qui s’applique aux bonnes œuvres, s’étudiant surtout à en éviter l’occasion ; au contraire, le regret du mal