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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/205

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de l’homme toutes les souillures de la vieille erreur, toutes les taches de l’antique ignorance, préparât à l’Esprit saint qui allait descendre le sanctuaire d’un cœur pur où il pût entrer volontiers avec tous ses dons célestes. Tous ces dons célestes se résument en un seul, le salut de l’homme par l’anéantissement des crimes passés. Voilà le motif de la pénitence ; en voilà l’effet : elle prend en main les intérêts de la divine miséricorde ; en profitant à l’homme, elle tourne à la gloire de Dieu.

Au reste, la règle de la pénitence, que nous connaissons en même temps que le Seigneur, est assujettie à des formules certaines, afin que nous ne jetions pas une main violente, pour ainsi dire, sur nos bonnes actions ou nos bonnes pensées. Dieu, en effet, ne sanctionne pas la réprobation du bien, puisque le bien est à lui. Puisqu’il en est l’auteur et le défenseur, il faut nécessairement qu’il l’agrée, et, s’il l’agrée, qu’il le récompense. Que nous importe l’ingratitude des hommes, si elle force de se repentir du bien que l’on a fait ? Que nous importe encore la reconnaissance, si elle est un encouragement et un motif dans le bien que l’on fait ? Toutes deux sont terrestres, périssables. Gagne-t-on beaucoup à obliger celui qui est reconnaissant ? perd-on beaucoup à obliger un ingrat ? La bonne action a Dieu pour débiteur, de même que la mauvaise, parce que le juge est le rémunérateur souverain. Or, puisque Dieu est le juge qui prononce dans les intérêts de la justice qui lui est chère, qu’il doit défendre et protéger ; puisque ses jugements sont la sanction dernière de toute sa loi, faut-il douter que Dieu n’exerce sa justice sur le principe de notre pénitence, de même que sur l’universalité de nos actes ? Notre pénitence ne sera donc méritoire qu’autant qu’elle s’appliquera à nos péchés réels. Or le péché, c’est le mal. Personne ne pèche en faisant le bien. S’il n’a pas péché, pourquoi envahir la pénitence, qui est le propre de ceux qui ont péché ? pourquoi imposer à sa bonté le caractère de la malice ? Qu’arrive-t-il de là ? quand