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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/207

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Dieu ; il faut donc aussi que le remède de la pénitence soit le même.

On nomme les péchés, les uns corporels, les autres spirituels, parce que tout péché se commet par action ou par pensée. Pour qu’il soit corporel, il faut qu’il y ait eu action, parce que le fait peut être vu et touché à la manière d’un corps. Le péché spirituel, c’est celui qui réside dans l’esprit, parce qu’un esprit ne peut ni être vu, ni être saisi. Il est démontré par là qu’il faut éviter et purifier par la pénitence, non-seulement les actions criminelles, mais encore les prévarications de la volonté. Si, en effet, la faiblesse de l’homme ne juge que le fait extérieur, parce qu’elle ne peut descendre dans les ténèbres de la volonté, nous ne devons pas en conclure que nous pouvons, sous l’œil de Dieu, nous endormir sur les crimes de la volonté. Dieu suffit à tout ; rien de ce qui peut l’offenser n’est éloigné de sa présence. Puisqu’il connaît tout, il en tient nécessairement compte pour prononcer son jugement ; il ne peut ni dissimuler ni mentir à sa propre science. Quoi donc ? la volonté n’est-elle pas l’origine de l’acte ? Que quelques-uns puissent être imputés au hasard, à la nécessité ou à l’ignorance, qu’importe ? Après ces exceptions, les autres naissent de la volonté. Puisque la volonté est la source du mal, la faculté, qui a eu la part principale dans la faute, ne sera-t-elle pas punie d’autant plus justement qu’elle n’est pas même mise hors de cause quand un obstacle entrave son exécution ? car elle est responsable d’elle-même vis-à-vis d’elle-même. Cette impuissance d’exécution ne pourra lui servir d’excuse : elle a fait tout ce qui était en elle.

D’ailleurs, comment le Seigneur nous prouve-t-il qu’il ajoute à la loi ancienne, sinon en interdisant les prévarications de la volonté ? Il appelle adultère non pas seulement celui qui a violé la sainteté du mariage, mais celui qui l’a profanée par la convoitise du regard. Tant il est vrai que l’esprit, pour n’avoir pas vaincu l’obstacle qui l’