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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/221

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rampent et ne disparaissent ; pour eux plus de banquets ; plus de réunions de plaisirs. Ils s’interdisent toute liberté, toute joie. Pourquoi tant de privations ? Pour acheter une satisfaction qui s’envolera avec l’année ! Et nous, ce qu’endure la brigue qui sollicite quelques haches ou quelques faisceaux, nous balancerions à le supporter quand notre éternité est en péril ! Nous hésiterions à réprimer le faste de notre table et de nos vêtements, quand nous avons offensé le Seigneur, tandis que les païens s’imposent ces sacrifices sans avoir offensé personne ? Les voilà bien ceux dont l’Ecriture a dit : « Malheur à ceux qui lient leurs péchés avec une longue corde ! »

XII. L’exomologèse te fait peur ; pense aux flammes de l’enfer que l’exomologèse éteindra pour toi ; réfléchis d’abord à la grandeur du châtiment, pour ne plus hésiter à l’adoption de ce remède. Quelle idée devons-nous nous faire de la profondeur de ce feu éternel, lorsque quelques-uns de ses soupiraux lancent de tels tourbillons de flamme qu’ils engloutissent les villes voisines, ou menacent prochainement celles qui sont encore debout ? Les plus hautes montagnes sont déchirées par l’enfantement de ce feu intérieur ; et ce qui nous prouve l’éternité du jugement, c’est que ces montagnes, toutes déchirées, toutes dévorées qu’elles sont par les flammes, n’en subsistent pas moins. Qui ne verrait dans le supplice de ces montagnes l’image du jugement qui nous menace ? Qui ne regarderait ces étincelles comme les traits et les projectiles préparatoires de quelque vaste et incommensurable foyer ? Or, puisque le Seigneur, ainsi que tu le sais, t’a donné après la première grâce du baptême, une seconde ressource dans l’exomologèse, pourquoi renoncer à ton salut ? Pourquoi cesses-tu d’embrasser le remède qui te guérira infailliblement ? Les animaux eux-mêmes, quoique dépourvus de la parole et de la raison, reconnaissent dans leur temps les remèdes qui leur sont assignés par Dieu. Le cerf, percé par la flèche, afin de chasser de sa plaie le fer qui s’y est enfoncé