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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/241

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doit veiller à ne pas exciter le blasphème des gentils par la fraude, l’injustice, l’outrage, ou toute autre action mauvaise qui, justement condamnée par les hommes, allume aussi la juste colère du Seigneur. D’ailleurs, si à chaque blasphème on nous dit : « . C’est à cause de vous que mon nom est blasphémé, » c’est fait de la société chrétienne, puisque le cirque tout entier calomnie injustement notre nom par ses clameurs iniques. Cessons d’être Chrétiens, et l’on cessera de blasphémer. Mais que dis-je ? que l’on continue de blasphémer, pourvu que nous demeurions dans la bonne voie au lieu d’en sortir, pourvu que nous soyons éprouvés et non réprouvés. O calomnie, sœur du martyre ! tu témoignes que je suis Chrétien, puisque c’est par toi que l’on m’abhorre ! Me maudire pour avoir été fidèle, c’est bénir mon nom. « Si je voulais plaire aux hommes, est-il dit, je ne serais plus le serviteur de Jésus-Christ. »

—Mais le même Apôtre nous recommande ailleurs « de chercher à plaire à tout le monde, de même, ajoute-t-il, que je cherche à plaire à tous. »

— Etait-ce en célébrant les saturnales et les kalendes de janvier qu’il plaisait aux hommes ? ou était-ce par sa modestie, sa patience, sa sagesse, son humanité, sa vertu ? De même, lorsqu’il dit encore : « Je me suis fait tout à tous, afin de les gagner tous, » se fait-il idolâtre pour les idolâtres ? païen pour les païens ? mondain pour les mondains ? Toutefois, quoiqu’il ne nous défende pas de vivre au milieu des idolâtres, des adultères et des autres criminels, « parce que, dit-il, il faudrait sortir tout-à-fait du monde, » il ne s’ensuit pas qu’il ôte tout frein à ces relations, et que la nécessité de séjourner au milieu des pécheurs, et de nous mêler à eux, soit une permission de pécher, comme eux. Le commerce de la vie, voilà ce qu’autorise l’Apôtre ; le péché, voilà ce qui est défendu partout. Il est permis de vivre avec les gentils, sans doute ; mais mourir avec eux, non. Vivons avec tout le monde ; réjouissons-