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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/278

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s’allient ensemble ou avec leurs auteurs, sans le soupçonner.

Pour nous, la chasteté la plus sévère et la plus religieuse nous prémunit contre ces malheurs ; le mariage nous garantit de toute impureté, de tout excès, et nous met à l’abri de l’inceste. Je pourrais vous en citer qui éloignent jusqu’à l’ombre du péril, en portant au tombeau une continence virginale, vieillards quoique encore enfants par l’innocence. Si vous aviez pris garde que c’est chez vous que se commettent ces désordres, vous auriez remarqué aussi que les Chrétiens en sont innocents. Le même regard vous aurait montré l’un et l’autre. Mais, par un double aveuglement qui n’est que trop commun, vous ne voyez pas ce qui est, vous croyez voir ce qui n’est point. C’est ce que je vous ferai observer pour tout le reste. Venons à ce qui est public.

X. Vous n’adorez pas nos dieux, dites-vous, et vous n’offrez pas de sacrifices pour les empereurs. Sans doute, nous n’offrons de sacrifices pour personne, puisque nous n’en offrons pas pour nous-mêmes, depuis que nous n’adorons plus vos dieux. Voilà pourquoi nous sommes poursuivis comme des sacrilèges et des coupables. Voilà le point capital de notre cause, ou plutôt voilà notre cause tout entière. Elle mérite bien que vous l’approfondissiez. Nous demandons de n’être point jugés par la prévention ou par l’injustice : l’une désespère d’arriver à la vérité, l’autre la repousse.

Nous avons cessé d’adorer vos dieux depuis que nous avons reconnu leur néant. Vous êtes donc en droit d’exiger de nous la démonstration qu’ils ne sont pas des dieux, et que par là même ils ne méritent aucun culte, puisqu’il faudrait les adorer s’ils étaient réellement dieux. Et les Chrétiens seraient justement punissables, si ceux qu’ils refusent d’adorer, persuadés de leur néant, étaient des dieux en effet.

Mais, dites-vous, ce sont nos dieux à nous. Nous appelons