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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/295

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nous voyons tous les jours, a été prédit. Il a été prédit que la terre engloutirait des cités, que les mers recouvriraient des îles, que des guerres intestines et étrangères déchireraient les nations, que les royaumes heurteraient les royaumes, que la famine, la peste, des calamités publiques désoleraient certaines contrées, que les bêtes féroces feraient de grands ravages, que les petits seraient élevés et les grands humiliés, que la justice deviendrait plus rare, que l’iniquité se propagerait, que l’amour de toutes les vertus s’affaiblirait, que l’harmonie des saisons et des éléments serait bouleversée, enfin que des monstres et des prodiges troubleraient le cours de la nature. Tout cela a été écrit d’une manière très-providentielle. Tandis que nous souffrons ces épreuves, nous les lisons, et tandis que nous les lisons, nous les voyons se réaliser. Voilà, si je ne me trompe, pour nos prophéties une grande preuve de divinité : les oracles accomplis nous font croire ceux qui restent à s’accomplir, puisqu’ils sont mêlés à ceux qui s’accomplissent sous nos yeux. Les mêmes bouches les ont prononcés, les mêmes mains les ont écrits, le même esprit les a dictés. Il n’y a qu’un temps pour les prophètes, car la prophétie qui pénètre l’avenir se perd dans le présent, tandis que l’homme distingue le temps à mesure que s’écoule le présent : le futur devient le présent, et le présent le passé. Je vous le demande, avons-nous tort de croire pour l’avenir ceux que nous avons déjà trouvés si fidèles pour le présent et pour le passé ?

XXI. Comme nous avons avancé que la religion des Chrétiens s’appuie sur les livres des Juifs, les plus anciens qui existent, et que cependant elle est toute nouvelle, puisqu’elle ne remonte pas au-delà du règne de Tibère, ainsi que tous le savent, et que nous le disons nous-mêmes, peut-être, à cet égard, voudra-t-on l’attaquer, comme si, à l’ombre d’une religion bien connue et permise, la nôtre cachait des opinions nouvelles et particulières, ou bien parce que, outre la date, nous n’avons rien de commun avec