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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/342

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devrait être transformé. Il vaut bien mieux poursuivre cette apologie, et faire remarquer qu’il est bien plus conforme à la raison de croire que chaque homme redeviendra ce qu’il avait été, individu pour individu, et que la même ame animera de nouveau le même corps, quoique peut-être la ressemblance extérieure ne soit pas absolument la même. La résurrection ayant sa cause dans le jugement dernier, il s’ensuit que l’homme doit y comparaître avec son identité primitive, pour recevoir de Dieu la récompense ou la punition qu’il a méritée. Voilà pourquoi les corps seront rétablis dans leur forme, et parce que les ames sont incapables de sentir si elles ne sont unies à une matière sensible, qui est la chair, et parce que le jugement éternel qu’elles vont subir, elles ne l’ont mérité que concurremment avec cette chair dans laquelle et par laquelle s’exerçaient leurs facultés.

Merveille incompréhensible ! dites-vous. Comment cette matière réduite en poussière pourra-t-elle reformer un corps ? Homme, jette les yeux sur toi-même, et tes doutes s’évanouiront. Avant d’être homme, qu’étais-tu ? Rien, sans doute. Si tu avais été quelque chose, tu t’en souviendrais. Rien avant d’être, rien après que tu auras cessé d’être, pourquoi celui qui t’appela une première fois du néant à l’existence, ne pourrait-il pas t’y ramener quand il le voudra ? Qu’y aura-t-il de nouveau ? Tu n’étais pas, et voilà que tu es ; tu ne seras plus, et tu recommenceras d’être. Explique-moi, si tu peux, comment tu es entré dans la vie, je t’expliquerai à mon tour comment tu pourras y revenir. Ne semble-t-il pas même qu’il te sera plus facile de redevenir ce que tu étais déjà, après que Dieu t’a créé sans difficulté ce que tu n’étais pas encore ?

Révoquerez-vous en doute la puissance de Dieu, qui en créant de rien ce vaste univers, commanda jadis aux abîmes du néant, comme un jour il commandera au silence de la mort, et souffla sur ce magnifique ensemble l’