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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/376

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ses Eons, et fît naître le dieu créateur de la substance défectueuse d’un d’entre eux. C’est à eux et à eux seuls, qu’ont été révélés les mystères de la divinité. Le démon, qui voulut se faire le rival de Dieu, les a éclairés au point que, contre la parole du Sauveur, il a rendu les disciples plus savants que le maître dans ses sciences empoisonnées. Que les hérésies choisissent donc les temps auxquels elles voudront rapporter leur origine, il n’importe, puisque jamais elles ne prouveront qu’elles viennent de la vérité. D’abord, celles dont les Apôtres n’ont point parlé n’étaient pas de leur temps, autrement ils n’eussent pas manqué d’en faire mention pour les condamner ; et celles qui étaient de leur temps, ils les ont en effet condamnées. Soit que les hérésies de nos jours soient les mêmes pour le fond, mais seulement plus polies et plus raffinées, elles se voient dès les temps apostoliques frappées d’anathème ; soit qu’elles n’aient fait qu’emprunter quelques dogmes à ces anciennes sectes, dès qu’elles partagent leur doctrine, elles doivent aussi partager leur condamnation. Quant aux hérésies qui n’auraient rien de commun avec celles qui ont été déjà proscrites, leur nouveauté seule fait leur condamnation. C’est ici qu’a lieu l’argument invincible de prescription : dès que les Apôtres n’en ont point parlé, elles sont indubitablement fausses, et du nombre des erreurs que les Apôtres ont prédites.

XXXV. Par cet argument nous écartons, nous confondons toutes les hérésies, soit postérieures aux Apôtres, soit contemporaines même des Apôtres, dès là qu’elles ne s’accordent pas avec la doctrine des Apôtres, dès là que les Apôtres les ont désignées et condamnées, ou nommément, ou autrement. Qu’elles répondent enfin, qu’elles opposent aussi la prescription à notre doctrine. Si elles nient que notre doctrine soit véritable, qu’elles le prouvent comme nous l’avons prouvé de la leur ; qu’elles nous apprennent donc où il faut aller chercher la vérité, puisqu’il est constant qu’elle ne se trouve pas chez elles. Notre doctrine est