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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/426

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TERTULLIEN.


pour Dieu ! Voilà les plaisirs des Chrétiens ! voilà leurs spectacles : spectacles innocents, perpétuels, gratuits ! Qu’il vous représentent une image des jeux du Cirque. Reconnaissez-y avec la mobilité du siècle, le déclin des temps ; sachez-y mesurer l’espace, y envisager la borne de la consommation dernière, vous y animer de saints transports à l’aspect de l’étendard divin, vous éveiller au bruit de la trompette de l’ange, et aspirer à la palme glorieuse du martyre.

Les sciences et la poésie vous charment, dites-vous. Eh bien ! nous avons assez de beaux monuments, assez de vers, assez de maximes, assez de cantiques, assez de chœurs sacrés. Il ne s’agit point ici de fables, mais de vérités saintes ; de frivolités ridicules, mais de sentences aussi simples qu’elles sont pures. Voulez-vous des combats et des luttes ? le christianisme vous en offre en grand nombre. Regardez ! Ici l’impureté est renversée par la chasteté ; là, la perfidie est immolée par la foi ; ailleurs, la cruauté est comme meurtrie par la miséricorde ; plus loin l’insolence est voilée par la modestie. Tels sont nos combats et nos couronnes. Enfin vous faut-il du sang ? celui de Jésus-Christ coule sous vos yeux.

XXX. Mais, surtout, quel admirable et prochain spectacle que l’avénement du Seigneur, alors enfin reconnu pour ce qu’il est, alors superbe et triomphant ! Quelle sera dans ce jour l’allégresse des anges, la gloire des saints ressuscités, et la magnificence de cette nouvelle Jérusalem, où les justes régneront éternellement ! D’autres spectacles vous restent, c’est le jour du jugement, jour éternel, jour que n’attendent pas les nations, jour qu’elles insultent, jour enfin où la terre, avec ses monuments antiques et ses créations nouvelles, disparaîtra dans un seul et même incendie. Ô immense étendue de ce spectacle ! Que me faut-il admirer ? où dois-je promener mes regards ? Quelle joie, quels transports, en voyant tant de célèbres monarques que la flatterie plaçait dans le ciel, pousser d’horribles gé-