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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/433

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celui auquel nous demandons de nous en préserver. Voilà pourquoi nous ajoutons : « Mais délivrez-nous du mal. » Qu’est-ce à dire ? Ne nous abandonnez point à la tentation en nous livrant à l’esprit du mal. C’est nous arracher aux mains de Satan que de ne pas nous livrer à ses tentations.

Le démon, qui s’appelait Légion, n’aurait pas même eu de puissance sur les pourceaux, si Dieu ne la lui eût accordée ; comment en aurait-il même sur les brebis du Seigneur ? Je dirai plus ; les soies de ces pourceaux étaient alors comptées, à plus forte raison les cheveux de ses saints. Si le démon paraît exercer quelque puissance particulière, ce ne peut être que sur ceux qui n’appartiennent pas au Seigneur, sur les Gentils, « qui sont devant Dieu comme une goutte d’eau dans un vase d’airain, un grain de sable dans une balance, une vile matière que la bouche rejette, » domaine qui n’a pas de maître, et livré par là même aux incursions de Satan. Mais sur les serviteurs de Dieu, il n’a aucune puissance en propre. En quel lieu, dans quel temps lui est-il permis de les attaquer ? L’Écriture sainte nous le montre par plus d’un exemple. Le droit de les tenter lui est accordé par intervalle pour éprouver les justes, soit que Dieu devance ou écoute ses sollicitations, comme dans les exemples précédents. Quelquefois le pécheur réprouvé est livré à ses tortures, comme les criminels au bourreau ; ainsi de Saül. « L’esprit de l’Eternel se retira de Saül ; et l’esprit mauvais le tourmentait par l’ordre du Seigneur. » Quelquefois aussi cette épreuve a pour but de nous corriger. Témoin les paroles de l’Apôtre : « Un aiguillon a été donné à ma chair comme un ange de Satan pour me souffleter. » Il n’est permis à Satan d’humilier ainsi les saints par la tribulation de la chair, que pour exercer leur patience « et fortifier leur vertu par le sentiment de leur faiblesse. » Voilà pourquoi le même Apôtre « livre au démon Phygèle et Hermogène. Il veut qu’ils se corrigent, mais non qu’