Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’une et de l’autre, et dans le mouvement de l’homme tout entier, la semence qui doit créer l’homme tout entier bouillonne, empruntant à la substance corporelle sa fluidité, à la substance plus subtile sa chaleur. Si l’âme chez les Grecs est synonyme de froid, pourquoi le corps se refroidit-il lorsqu’elle s’en sépare ? Enfin, quand même je devrais blesser la pudeur plutôt que de renoncer à convaincre, dans ce dernier effort de la volupté qui produit la semence génitale, ne sentons-nous pas s’échapper quelque chose de notre âme, tant nous éprouvons de marasme et de prostration, joint à un affaiblissement de la vue. Telle sera la semence qui produit l’âme dans une sorte de distillation de l’âme, de même que la semence génitale produira le corps par le bouillonnement de la chair. Les exemples de la créai ion ne sont pas trompeurs. La chair d’Adam fut formée du limon : qu’est-ce que le limon, sinon un liquide plus généreux ? De là viendra le venin génital. Son âme fut créée par le souffle de Dieu : qu’est-ce que le souffle de Dieu, sinon la vapeur de l’esprit ? De là viendra ce que nous transmettons à la manière d’un souffle par le venin génital. Ces deux substances, le limon et le souffle, distincts et séparés à leur origine, après avoir formé un seul et même homme, se confondirent depuis, mêlèrent leurs semences, et communiquèrent à la propagation de l’espèce humaine sa forme, de sorte que ces deux substances, quoique différentes, s’échappant simultanément et introduites à la fois dans le sillon et le champ destiné à les recevoir, contribuent également à la germination d’un homme dans lequel sera déposée aussi la semence appropriée à son espèce, comme il a été réglé d’avance pour tout être appelé à se reproduire. Ainsi toute cette multitude d’ames dérive d’un seul homme, la nature se montrant fidèle à ce décret de Dieu : « Croissez et multipliez ; » car dans ce préambule qui précède la création d’un seul : « Faisons l’homme, » l’emploi du pluriel annonçait toute la postérité : « Et qu’ils commandent aux poissons de la mer : » faut-il s’en étonner ?