Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/85

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au sentiment et à l’intellect, résident au fond de sa substance, en vertu de sa naissance elle-même, mais se développent insensiblement avec l’âge, diversement modifiées par les accidents, d’après les institutions, les lieux et les puissances dominatrices, voici cependant qu’à l’appui de l’union de l’âme et du corps, qui est maintenant agitée, nous disons que la puberté de l’âme coïncide avec celle de la chair, et qu’elles commencent simultanément l’une et l’autre vers la quatorzième année environ, la première par le progrès des sentiments, la seconde par le développement des membres ; et cela, non pas parce que, suivant Asclépiade, la réflexion date de cet âge, ou parce que la loi fixe cette époque pour la capacité civile, mais parce que le motif en remonte à la création. Si, en effet, « Adam et Eve sentirent, par la connaissance du bien et du mal, qu’il fallait couvrir leur nudité, » du moment où nous avons le même sentiment, nous déclarons que nous discernons le bien et le mal. Or, à partir de cet âge, le sexe est plus disposé à rougir, il se couvre d’un duvet nouveau, la concupiscence se sert du ministère des yeux, communique ses impressions agréables, comprend ce qui est, environne son domaine d’ardeurs contagieuses comme d’une ceinture de figuier, chasse l’homme du paradis de l’innocence, glissant ensuite honteusement dans des prévarications contre nature, parce que ce n’est pas la nature, mais le vice qui les enseigne.

D’ailleurs, il n’y a proprement qu’une concupiscence naturelle, celle des aliments, que Dieu donna originairement à l’homme : « Vous mangerez de tous les fruits. » Il étendit, cette faculté pour la seconde génération après le déluge. « Voilà, dit-il, que vous prendrez pour nourriture tout ce qui vit, de même que toute sorte de plantes : » pourvoyant ainsi, non pas tant à l’âme qu’à la chair, quoiqu’en vue de l’âme. Car il faut enlever au sophiste l’occasion de dire que l’âme paraissant désirer des aliments doit être