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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/87

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enfantement, tant l’idolâtrie est comme l’accoucheuse de tous les nouveau-nés, et lorsque les femmes enceintes, couronnées de bandelettes, tressées devant les idoles, déclarent que leurs fruits sont consacrés aux démons ; et lorsqu’on appelle à grands cris Diane et Lucine pendant le travail de l’enfantement ; et lorsque toute une semaine une table est dressée à Junon ; et lorsque le dernier jour on tire l’horoscope qui sera consigné par écrit ; et lorsque les premiers pas que l’enfant imprime sur la terre sont consacrés à la déesse Statina ? Qui ensuite ne voue à la malédiction la tête tout entière de son fils, ou n’excepte quelque cheveu, ou ne coupe la totalité avec un rasoir, ou ne l’enchaîne par quelque sacrifice, ou ne le marque de quelque sceau sacré, pour quelque superstition en l’honneur de la patrie ou des aïeux, particulière ou publique ? C’est dans cet état qu’un esprit démoniaque trouva Socrate encore enfant. C’est ainsi que l’on assigne à chacun son génie, qui est le nom des démons. Tant il est vrai qu’aucune naissance n’est pure, des païens veux-je dire. De là vient que l’Apôtre déclare « que les deux sexes ayant été sanctifiés, engendrent des saints, non moins par la prérogative de la semence, que par la loi de l’institution. D’ailleurs, ajoute-t-il, ils naîtraient impurs ; » comme voulant faire entendre que les enfants des fidèles sont désignés néanmoins à la sainteté, et conséquemment au salut, afin que par le gage de cette espérance, il vînt en aide aux mariages, qu’il avait jugé à propos de maintenir. D’ailleurs il se souvient de l’oracle du Seigneur : « Quiconque ne renaîtra point de l’eau et de l’esprit, ne pourra entrer dans le royaume de Dieu. »

XL. Ainsi, toute âme naît dans Adam, jusqu’à ce qu’elle renaisse dans le Christ, impure aussi long-temps qu’elle n’a pas pris cette seconde naissance. Or, elle est pécheresse, parce qu’elle est impure, soumise à la honte par son association avec la chair. Car quoique la chair « suivant laquelle il nous est interdit de marcher, dont les œuvres