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TERTULLIEN.

de Noûs-Monogène, ces substances dans la femme mâle, son image, parce que les Valentiniens ne s’accordent pas sur le sexe du Père. Ils y ajoutent encore Horus, qu’ils appellent Métagogès, c’est-à-dire qui conduit tout autour, et Horothétès. C’est par lui, disent-ils, que Sophia fut détournée de ses voies illicites, délivrée de ses maux, fortifiée, rendue à l’hymen, et qu’enfin elle demeura dans le sein du Plérôme. Quant à sa fille Enthymésis, et à la Passion sa compagne, elle fut bannie par Horus, crucifiée et chassée du nombre des Éons. On l’appelle le Mal, substance spirituelle toutefois, puisqu’il est l’émanation naturelle d’un Éon, mais substance informe et hideuse, puisque sa mère n’avait saisi que le vide, fruit débile par conséquent, et déclaré féminin.

XI. Ainsi, après qu’Enthymésis eut été repoussée, et Sophia sa mère rendue à son époux, ce Monogène, ce Noûs, délivré de tout soin par rapport à son père, pour consolider les choses, fortifier le Plérôme et en fixer à jamais le nombre, de peur qu’à l’avenir quelque révolution semblable ne le troublât, clôt cette série par une nouvelle procréation, le Christ et l’Esprit saint : accouplement hideux de deux mâles ; ou bien, selon d’autres, l’Esprit saint sera femelle, et le mâle est fécondé par la femelle. Ces deux êtres n’ont qu’une seule et même divinité, qui consiste à compléter l’harmonie des Éons. De cette fonction commune à l’un et à l’autre naissent deux écoles, deux chaires, et comme le principe de la division dans la doctrine de Valentin. Il appartient au Christ d’inculquer aux Éons la nature de leurs alliances (tu vois quelle entreprise il avait sur les bras), de leur donner l’idée de l’inné, de les rendre capables d’engendrer en eux la connaissance du Père, parce qu’il est impossible de le saisir, de le comprendre, de le voir et de l’entendre autrement que par Monogène. Qu’ils apprennent ainsi à connaître le père, d’accord, pourvu qu’ils le connaissent seulement par le fils ! Mais ce que je veux flétrir, c’est la perversité de cette