Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/17

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à Israël, à titre de signe, mais non de salut, ordonne que le fils de Moïse, chef futur de son peuple, soit marqué de la circoncision, afin qu’au jour où il commencerait à donner au peuple, par l’intermédiaire de Moïse, le précepte de la circoncision, le peuple ne méprisât point cette observance, en la voyant déjà pratiquée sur le fils de son chef. Encore un coup, la circoncision n’était qu’un signe caractéristique, qui servirait à faire reconnaître Israël à la fin des temps, lorsqu’il lui serait interdit d’entrer dans la cité sainte à cause de ses crimes, ainsi que l’attestent les oracles des prophètes : « Votre terre sera déserte ; vos villes seront la proie des flammes, des étrangers dévoreront votre patrie sous vos yeux. Elle sera désolée comme le champ que l’ennemi a dévasté. La fille de Sion a été abandonnée comme la hutte après la saison des fruits, comme une cabane dans un champ de concombres, comme une ville ruinée. » Voilà pourquoi le prophète leur adresse immédiatement ces reproches : « J’ai engendré des fils ; je les ai nourris ; mais ils m’ont méprisé. » Et ailleurs : « Lorsque vous tendrez les mains vers moi, je détournerai les yeux ; vous redoublerez de prières et je n’écouterai point, car vos mains sont pleines de sang. » Et encore : « Malheur à la nation perverse, au peuple chargé de crimes, à la race d’iniquité, à ces enfants corrupteurs ! Ils ont abandonné l’Eternel, ils ont blasphémé le saint d’Israël. »

Dieu a donc voulu, par un trait de sa providence, donner à Israël la circoncision comme un signe qui pût le faire reconnaître, lorsque viendrait le temps où l’entrée de Jérusalem lui serait interdite, à cause des crimes que nous avons rappelés plus haut. Ces événements nous étaient annoncés parce qu’ils devaient s’accomplir ; et comme ils se sont accomplis sous nos yeux, nous les reconnaissons. Ainsi, de même que la circoncision charnelle, qui n’était que temporaire, a été donnée comme signe à un peuple rebelle,