Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/171

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D’accord, ainsi parlent les textes sacrés ; mais vous autorisent-ils à conclure qu’il y a d’autres hommes que nous ? Nous sommes. Donc les livres saints ont pu nous comparer à ce qu’ils ont jugé convenable, toutefois en respectant la propriété comme l’unité de notre espèce. De ce que notre vie a été corrompue, de ce que, jugée digne de mépris, elle a été comparée à des choses méprisables, il ne suit pas que notre nature soit changée jusqu’à mériter une autre dénomination. Je dis mieux. On conserve à l’homme l’intégrité de sa nature, tout en flétrissant ses désordres, et le Christ ne connaît pas d’autres hommes que ceux dont il parle ainsi : « Qu’est-ce que les hommes disent du Fils de l’homme ? — Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur également. » Répondez ! le Christ a-t-il conservé la nature de ceux dont il invoque le témoignage, et pour lesquels il réclame la réciprocité de la justice. Que si je demande à l’hérésie où sont ces prétendus hommes célestes, Aratus[1] me montrera plus facilement Céphée, Persée, Erigone et Ariane transformés en constellations. Qui donc empêcha le Seigneur de m’avertir en termes clairs que la confession des nommes aurait lieu là où il a déclaré ouvertement qu’aurait lieu la sienne ? Pourquoi ne m’a-t-il pas dit sans détour : « Celui qui m’avouera devant les hommes qui sont dans les cieux, moi aussi, je l’avouerai devant mon Père qui est dans les cieux ? » Si c’est d’une confession à la face du ciel qu’il a entendu parler, il a dû nécessairement m’éviter la méprise d’une confession terrestre dont il ne veut pas, parce que d’autres hommes que les habitants de la terre, je n’en connais pas, et que d’ailleurs l’homme jusqu’ici n’a pas encore été vu dans le ciel. Comment croire d’ailleurs que porté là haut au sortir de cette vie, je subirai une épreuve là où je ne puis être admis que déjà éprouvé ; que je serai examiné une seconde fois dans

  1. Poète grec qui a écrit un ouvrage intitulé les Phénomènes.