Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/195

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de ses voies. Avant ses œuvres j’étais : j’étais avant qu’il affermît la terre, avant qu’il posât les fondements des montagnes, avant les collines, il m’a engendrée ; » c’est-à-dire en me créant et en m’engendrant dans sa pensée. Tu vas la voir ensuite assister le Seigneur, preuve qu’elle est distincte de lui. « Lorsqu’il étendait les cieux, j’étais auprès de lui. Lorsqu’il entourait l’abîme d’une digue ; lorsqu’il suspendait les nuées, lorsqu’il fermait les sources de l’abîme ; lorsqu’il donnait à la mer des limites que les eaux ne dépasseront pas, j’étais là disposant avec lui ; j’étais tous les jours ses délices, me jouant en lui-même. » En effet, aussitôt que Dieu voulut réaliser dans leurs substances et dans leurs espèces les choses qu’il avait disposées au fond de lui-même avec sa Raison, sa Sagesse, son Verbe, il engendra ce Verbe infiniment bon, qui renfermait indivisibles en lui-même la Raison et la Sagesse, afin que l’universalité des êtres fût créée par celui en qui ils avaient été conçus et disposés, disons mieux, en qui ils étaient déjà réalisés dans la pensée de Dieu. Que leur manquait-il réellement ? Rien, sinon d’être connus et visibles dans leurs substances ainsi que dans leurs espèces.

VII. Alors le Verbe lui-même prend aussi sa forme et son ornement, c’est-à-dire le son et la voix, lorsque Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Voilà donc que la naissance du Verbe est complète, maintenant, qu’il a été manifesté par Dieu, créé d’abord dans la pensée sous le nom de Sagesse : « Dieu me créa au commencement de ses voies. » Il est ensuite engendré effectivement : « Lorsqu’il étendait les cieux, j’étais là. » Conséquemment il est l’égal de celui dont il procède, Fils premier-né, parce qu’il est engendré avant toutes choses ; unique, parce que seul il est engendré de Dieu, et à proprement parler, conçu et engendré dans son cœur, ainsi que l’atteste le Père lui-même : « Mon cœur a laissé échapper le Verbe excellent. » Le Père se complaît ensuite dans la personne de celui qui par