Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/218

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se manifeste toute leur erreur. Comme ils ignorent que dès le commencement l’ensemble des dispositions divines s’est accompli par le Fils, ils s’imaginent que c’est le Père qui s’est montré, qui a parlé, qui a opéré, qui a enduré la faim et la soif, (malgré cet oracle du prophète : « Le Dieu éternel ne connaît ni la faim, ni la soif, » à plus forte raison la mort et la sépulture ;) par conséquent qu’un seul et même Dieu, c’est-à-dire le Père, a toujours fait ce qui a été fait par le Fils.

XVII. Ils ont trouvé plus raisonnable de penser que le Père avait agi au nom du Fils plutôt que le Fils au nom du Père, quoique le Seigneur lui-même nous dise : « Je suis venu au nom de mon Père. » Ailleurs, il parle ainsi à son Père : « J’ai révélé ton nom aux hommes. » Même langage dans l’Ecriture : « Béni, s’écrie-t-elle, celui qui vient au nom du Seigneur ; » c’est-à-dire le Fils au nom du Père. Ces noms donnés au Père, ne témoignent-ils pas encore contre eux : « Le Dieu tout-puissant, ---- le Très-Haut, ---- le Dieu des armées, ---- le Roi d’Israël, ---- celui qui est ? » Nous soutenons, ainsi que l’enseignent les Ecritures, que ces mêmes noms conviennent au Fils, que le Fils est venu sous ces noms, qu’il opéra toujours en eux, et qu’il les manifesta aux hommes dans sa personne. « Tout ce qui est à mon Père est à moi, » dit-il. Pourquoi pas les noms aussi ? Lors donc que tu lis : « Le Dieu tout-puissant, ---- le Très-Haut, ---- le Dieu des vertus, ---- le Roi d’Israël, ---- celui qui est, » prends garde que ces noms ne soient la démonstration du Fils ; Dieu tout-puissant par lui-même, puisqu’il est le Verbe du Dieu tout-puissant, et que toute puissance a été remise entre ses mains ; Très-Haut, puisqu’il est exalté comme la droite de Dieu, ainsi que Pierre le déclare dans les Actes des Apôtres ; Dieu des armées, puisque tout lui a été soumis par son Père ; Roi d’Israël, puisqu’à proprement parler, il a été la destinée de cette nation ; enfin, celui qui est, parce que beaucoup sont honorés du nom de Fils sans l’être réellement. En attendant,