Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/244

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les princes. Et si le Seigneur s’adresse en ces mots au Christ, « mon Seigneur, » ce sera un autre Seigneur qui parlera au Père du Christ. Et quand l’Apôtre écrit : « Afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ vous donne l’esprit de sagesse et de révélation pour le connaître, » il y aura un autre Dieu de Jésus-Christ, distributeur des dons spirituels. Toujours est-il, pour ne pas nous perdre dans la multitude des détails, que « celui qui a ressuscité Jésus rendra aussi la vie à nos corps mortels ; » par conséquent, il faut pour nous ressusciter un autre Dieu que le Père qui est mort, et que le Père qui est ressuscité, s’il est vrai que le Christ qui est mort soit le Père.

XXIX. Silence, silence à ce blasphème ! Qu’il nous suffise de dire que le Christ Fils de Dieu est mort, et cela parce qu’ainsi le témoignent les Ecritures. L’Apôtre, en effet, ne pouvant prononcer sans un fardeau qui l’accablât : « Le Christ est mort, » ajouta : « suivant les Ecritures ; » comme pour adoucir, par l’autorité des Ecritures, la dureté de cette expression, et détourner le scandale de l’auditeur. Toutefois les deux substances se trouvant réunies en Jésus-Christ, la divine qui est immortelle, et l’humaine, qui est sujette à la mort, il est manifeste dans quel sens il déclare qu’il est mort, c’est-à-dire en tant que chair, en tant qu’homme, en tant que Fils de l’Homme, mais non en tant qu’Esprit, Verbe ou Fils de Dieu. En un mot quand il dit : « Le Christ est mort, » le Christ, c’est-à-dire l’oint du Seigneur, il montre que ce qui est mort, c’est la chair consacrée par l’onction.


Eh bien ! dis-tu, en soutenant que le Père est mort dans le même sens que vous le Christ, nous ne blasphémons pas le Seigneur Dieu ; car s’il est mort, selon nous, ce n’est pas dans sa substance divine, mais dans sa substance humaine.


Illusion ! vous blasphémez, non-seulement en soutenant qu’il est mort, mais qu’il a été crucifié. Car, lorsqu’en vertu de cette malédiction prononcée contre celui « qui