Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/263

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même fut assez plongé quand il marcha sur les eaux du lac de Génézareth. Telle n’est pas mon opinion. Autre chose est d’être couvert d’eau ou enseveli par la violence de la mer, autre chose d’être lavé par un acte de religion. Ce navire, au reste, était la figure de l’Église qui est battue par les tempêtes de la persécution et de la tentation sur la mer de ce monde, tandis que le Seigneur semble s’endormir dans sa patience, jusqu’à ce que, réveillé enfin par les prières des justes, il apaise à ce dernier jour la fureur du siècle et rende le calme à ses serviteurs.

Enfin, quel qu’ait été le baptême des Apôtres, ou bien qu’ils aient vécu jusqu’à la fin sans le baptême, il est important de savoir que c’est à nous en particulier que le Christ adresse cet oracle dans la personne de Pierre : « Il n’y a qu’un baptême. » Au reste, il y aurait témérité de notre part à nous ériger en juges du salut des Apôtres, comme si la grâce de leur vocation, et ensuite le privilège d’une amitié inséparable avec Jésus-Christ, n’avait pas pu remplacer pour eux le baptême ! Disciples fidèles, ne marchaient-ils pas à la suite de celui qui a promis le salut à quiconque croit en lui ? « Votre foi vous a sauvé, » dit-il ; et ailleurs : « Vos péchés vous sont remis. » Ce dernier croyait, mais n’avait pas encore reçu le baptême. Si la rémission des péchés a manqué aux Apôtres, je ne comprends plus rien à la foi. L’un, à la première parole que lui fait entendre le Seigneur, abandonne la maison de l’impôt ; l’autre renonce à son père, à sa barque et à la profession qui le faisait vivre. Celui-là ne retourne pas même sur ses pas pour ensevelir son père, docile au plus grand des préceptes de Jésus-Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; » injonction à laquelle il obéit avant même de l’avoir entendue.

XIII. Ici l’audace de quelques impies m’arrête par ces questions : « Si la foi suffit, le baptême n’est donc pas nécessaire ? Abraham, qui n’avait été plongé dans aucune eau,