Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/297

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il. » L’ange savait donc bien que le nom de femme convient aux vierges, aussi bien qu’aux autres.

Mais on croit avoir ingénieusement repoussé ces deux autorités en disant : Marie était fiancée ; voilà pourquoi l’ange et l’Apôtre l’appellent femme ; car, ajoutent-ils, une fille fiancée est en quelque sorte mariée. Toutefois, il y a une grande différence entre un à peu près et la réalité ; principalement dans cette circonstance, car il se pourrait qu’en d’autres occasions ce fût la même chose. Mais ce n’est point à ce titre de fiancée que Marie fut appelée femme ; quand même elle n’eût pas été épouse elle eût reçu le même nom, en sa qualité de femme, en vertu du titre qui lui appartient dès sa naissance ; car il faut que l’appellation de laquelle dérive la qualité, précède toutes les autres.

Dailleurs, quant à ce qui concerne ce point, si, dans cette circonstance, par assimilation à une fiancée, Marie est appelée femme, non pas à cause de son sexe, mais parce qu’elle avait un époux, il s’ensuit que Jésus-Christ n’est point né d’une vierge, mais d’une femme mariée, et à ce titre ayant cessé d’être vierge. Que s’il est né d’une vierge qui, bien que mariée, n’en était pas moins intacte, reconnais donc qu’une vierge, même la plus pure, peut être appelée femme. Ici du moins rien de prophétique : l’Apôtre ne l’a point appelée femme, parce qu’elle devait cesser un jour d’être vierge, quand il a dit : « Né d’une femme. » Il ne pouvait, en effet, la nommer d’un nom qui désignât une condition ultérieure, c’est-à-dire qui annonçât une femme connue par un époux, puisque le Christ ne devait pas naître d’elle selon les lois ordinaires. Mais, quoique vierge, il l’appelle selon sa qualité actuelle du nom de femme, en vertu de la propriété de ce nom et conformément à la loi de sa naissance, parce que ce nom est affecté à la vierge ainsi qu’à tout le sexe.

VII. Passons maintenant aux motifs pour lesquels l’Apôtre enseigne que la femme doit être voilée. Examinons s’