Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/312

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un seul moment. Mais surtout n’allez pas le détruire parce que vous ne pouvez le quitter, en ne vous montrant ni tout-à-fait voilées, ni tout-à-fait découvertes. Car il en est qui se lient la tête plutôt qu’elles ne la couvrent avec des mitres ou bandelettes qui leur cachent le front, il est vrai, mais qui laissent à découvert la tête proprement dite. D’autres, de peur sans doute de la trop charger, se couvrent la tête avec une coiffure légère, qui ne descend pas même jusqu’aux oreilles et ne cache que le sommet, de la tête. J’ai pitié d’elles, si elles ont l’ouïe assez dure pour ne pas entendre à travers un voile. Mais qu’elles le sachent bien : la femme tout entière n’est que tête. Les limites du voile finissent là où commence le vêtement ; tout l’espace que peuvent occuper les cheveux, ils doivent le remplir et envelopper les épaules ; car ce sont les épaules qui doivent être soumises ; c’est à cause d’elles que « la femme porte sur sa tête la marque de sa sujétion. » Le voile est le joug des femmes.

Les femmes de l’Arabie, toutes païennes qu’elles sont, vous serviront de juges ; elles qui, non contentes de se voiler la tête, se couvrent aussi le visage tout entier, de sorte que, ne laissant d’ouverture que pour un œil, elles animent mieux renoncer à la moitié de la lumière, que de prostituer leur visage tout entier. Là, une femme aime mieux voir que d’être vue. Voilà pourquoi une reine de Rome[1] les déclarait très-malheureuses, de pouvoir aimer plus qu’elles ne peuvent être aimées, quoiqu’il soit permis de dire qu’elles sont heureuses, en ce qu’elles sont exemptes d’un autre malheur plus commun, parce que les femmes d’ordinaire peuvent être aimées plus qu’elles ne sont capables d’aimer. La modestie, imposée par cette discipline païenne, est plus pure, et pour ainsi dire, plus barbare que la nôtre.

Dieu a bien voulu nous déterminer aussi par ses révélations

  1. Messaline, épouse de Claude.