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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/315

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DE L’ORNEMENT DES FEMMES. LIVRE PREMIER.


I. Si notre foi répondait ici-bas à l’immensité du salaire qui l’attend là-haut, il n’en est pas une d’entre vous, mes sœurs bien-aimées, qui, après avoir une fois connu Dieu et sa propre condition, je veux dire la condition de la femme, courût après les divertissements, encore moins après l’orgueil de la parure. Loin de là, elle afficherait le deuil et l’indigence des vêtements, n’offrant aux regards publics qu’une Eve pénitente, noyée dans les larmes et rachetant par l’extérieur de l’affliction l’ignominie d’une faute héréditaire et le reproche d’avoir perdu le genre humain. Il a été dit : « Tu enfanteras dans la douleur ; tu seras sous la puissance de ton mari ; il te dominera. » Eve, c’est toi, et tu l’oublies ! La sentence de Dieu pèse ici-bas sur tout le sexe ; il faut donc que le châtiment pèse sur lui. Tu es la porte du démon ; c’est loi qui as brisé les sceaux de l’arbre défendu ; toi qui as violé la première la loi divine ; toi qui as persuadé celui que Satan n’osait attaquer en face ; l’homme, cette auguste image de la divinité, tu l’as brisé d’un coup. C’est à cause de ton mérite, de ta mort, veux-je dire, que le Fils de Dieu a voulu mourir : et tu songes à recouvrir d’ornements impudiques ces tuniques de peau, témoins de ta honte. Parle ! Si, dès l’origine