Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/332

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ces parfums étrangers et sous les feux d’un soleil ardent auxquels vous prenez plaisir d’enflammer et de sécher votre tête ? Appellerai-je beauté ce qui l’outrage ? embellissements du corps ce qui en est la honte et la souillure ? Ainsi la femme chrétienne fait de sa tête un autel où elle entasse les parfums ; car, à moins d’employer ces matières à des usages vertueux, par conséquent légitimes et salutaires, destination primitive de toute créature, ce que l’on brûle en l’honneur du démon est une sorte de sacrifice. D’un autre côté, que dit Jésus-Christ ? « Qui de vous peut rendre un seul cheveu blanc ou noir ? » Eh bien ! ces femmes donnent un démenti à Dieu. Voyez, s’écrient-elles, comment de blanche ou de noire qu’elle était, notre chevelure est devenue blonde sous nos mains, afin que nous ayons meilleure grâce. Un jour viendra cependant où elles essaieront de transformer leurs cheveux blancs en noirs, lorsqu’elles auront honte d’avoir vécu jusqu’à la vieillesse. O témérité coupable ! On rougit d’un âge où l’on a désiré de parvenir. On recourt au larcin : on soupire après une jeunesse pleine de désordres ; on recouvre de mensonge et de déguisements un âge de décence et de gravité.

Ah ! loin des filles de la sagesse une pareille folie ! Plus on s’efforce de cacher sa vieillesse, plus on la découvre. Voulez-vous orner votre front d’une éternelle jeunesse ? Conservez l’innocence, beauté incorruptible que nous avons à revêtir ici-bas, jusqu’à ce que cette maison soit remplacée par la maison que nous promet la monarchie. Plaisante manière, vraiment, de s’approcher du Seigneur, et de quitter un monde corrompu, que d’envisager les avertissements et les préparatifs du départ comme une difformité !

VII. Que servent à votre salut ces fatigues et ces soucis pour orner votre tête ? Quoi ! pas une heure de repos à votre chevelure, aujourd’hui retenue par un nœud, demain libre du réseau ; tantôt dressée en l’air, tantôt humblement abaissée ; ici captive dans des tresses, là, jetée éparse