Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/346

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permettre ce qui est bon de sa nature, attendu que pas un doute ne s’élève sur sa bonté, qui est manifeste à tous. Que certaines choses ne soient pas formellement défendues, ce n’est pas une raison pour les désirer, quoique, à vrai dire, leur en préférer d’autres, ce soit les défendre. La préférence donnée aux unes devient la condamnation des autres. Une chose n’est pas bonne, ou n’est pas dégagée de tout mal, par la raison qu’elle ne nuit pas. Le bien véritable l’emporte par ce côté, que non-seulement il n’est pas nuisible, mais qu’il est toujours profitable. Vous devez préférer ce qui est positivement utile à ce qui n’a d’autre mérite que de ne pas nuire. Le premier suppose des combats et des triomphes ; le second peut donner le repos, mais sans victoire. Si « oubliant ce qui est derrière nous pour fixer les yeux sur ce qui est en avant, » nous écoutons les paroles de l’Apôtre, nous aspirerons à ce qu’il y a de meilleur. Ainsi, quoiqu’il ne nous « tienne pas ce langage pour nous tendre un piège, il ne nous en montre pas moins l’utilité de la continence, » quand il dit : « Une femme qui n’est pas mariée s’occupe du soin des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit. Mais celle qui est mariée s’occupe du soin de plaire à son mari. » Au reste, nulle part il ne permet le mariage sans nous répéter qu’il aimerait mieux nous voir suivre courageusement ses exemples. Heureux le fidèle qui ressemblera à Paul.

IV. Mais nous lisons que « la chair est faible, » et notre mollesse se prévaut de cet aveu. Toutefois, nous lisons aussi que « l’esprit est fort ; » double oracle placé en regard l’un de l’autre pour s’éclairer mutuellement. La chair est une substance terrestre, l’esprit une substance céleste. D’où vient donc que, portés à nous excuser, nous alléguions ce qu’il y a en nous de faible, au lieu de nous appuyer sur ce que nous avons de fort ? Pourquoi la substance de la terre ne se soumet-elle pas à la substance du ciel ? Si l’esprit est plus fort que la chair, parce qu’il est de plus