Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/387

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Du Jeûne ou contre les psychiques[1]

I. J’aurais été bien surpris que les Psychiques, se bornant à la luxure en vertu de laquelle ils contractent plusieurs mariages, ne se laissassent point emporter par la gourmandise qui leur fait mépriser les jeûnes. La volupté sans l’intempérance passerait pour quelque chose de monstrueux, puisqu’elles sont tellement unies et indivisibles, qu’avant de les séparer, il faudrait séparer du ventre ce qui y tient si étroitement. Examine le corps : même théâtre pour l’une et pour l’autre ; à la disposition de ces membres répond l’ordre de ces vices ; d’abord le ventre, puis la débauche qui vient à la suite de l’intempérance. La volupté a pour auxiliaire la gourmandise. Je reconnais cette foi amicale à son amour pour la chair qui est son caractère distinctif aussi portée aux excès de la table qu’à la pluralité des noces, et ne craignant point de censurer, sur

  1. On sait que Tertullien, entraîné dans les erreurs de Montan, donnait aux catholiques orthodoxes le nom de Psychiques, mot grec qui signifie hommes animaux, dans le sens de cette parole de saint Paul : Animalis homo non percipit quae sunt Dei. Tertullien et les Montanistes s’appelaient, par opposition, hommes spirituels.