Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/393

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plantes. Seulement vous ne mangerez la chair d’aucun animal qui ait encore son sang. » Par là même que le Seigneur excepte uniquement la chair dont l’âme ne s’est pas retirée par le sang, il est manifeste qu’il a permis l’usage de toutes les autres.

A cela nous répondrons qu’il ne convenait pas d’imposer à l’homme le fardeau de quelque abstinence, puis-qu’il n’avait pu supporter une défense aussi légère que celle d’un seul fruit. Il en fut donc affranchi, mais pour qu’il se fortifiât par la liberté elle-même. De même, après le déluge, lorsque le genre humain fut réparé, il suffisait d’une loi qui interdisait le sang, en étendant l’usage la tout le reste. Dieu ne venait-il pas de manifester son jugement par le déluge ? N’avait-il pas même ajouté cette menace ? « Je rechercherai votre sang sur la main de votre frère, ou sur la main de la bête. » Ainsi donc, afin d’établir d’avance l’équité de ses jugements, Dieu donna la liberté, préludant, à la rigueur de la discipline parla condescendance, permettant toutes choses pour en retrancher quelques-unes, se réservant de demander davantage à qui il aurait confié davantage, et voulant imposer l’abstinence après s’être montré d’abord indulgent, afin que la faute primitive, ainsi que nous l’avons dit, fût mieux expiée par les œuvres d’une abstinence plus sévère au milieu d’une liberté plus étendue.

V. Enfin, lorsque Dieu voulut se choisir un peuple particulier, et que la réhabilitation de l’homme put commencer, alors arrivèrent les lois et les disciplines, qui restreignirent l’usage des aliments, et en retranchèrent quelques-uns comme impurs, afin que l’homme supportât un jour plus facilement les jeûnes, en s’abstenant constamment de certaines nourritures. Le premier peuple, en effet, imitateur de la faute du premier homme, se montra plus docile aux appétits du ventre qu’à la voix de Dieu. L’éternel en l’arrachant par sa main puissante et son bras invincible à la dure servitude de l’Égypte, pour l’établir dans