Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/425

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mais non trois ni davantage. D’ailleurs, ils ne sont plus deux, s’ils sont davantage. La loi demeura inviolable. Les pères du genre humain vécurent jusqu’à la fin dans un mariage unique, non point parce que les femmes manquaient, mais parce qu’elles manquaient, de peur que les prémices de la race humaine ne fussent souillées par un double mariage. D’ailleurs, Dieu n’avait qu’à vouloir pour qu’il existât d’autres femmes. Adam aurait choisi parmi la multitude de ses filles, avant encore une Eve formée de sa chair et de ses os, si la piété l’eût permis.

Mais depuis que le premier crime, l’homicide, eut été inauguré dans le fratricide ; il n’y eut pas de forfait plus digne du second rang que la réitération du mariage. Peu importe, en effet, que l’un des anciens ait eu deux épouses l’une après l’autre, ou habitant à la fois dans la même maison. Unis ou séparés, le nombre des époux resté toujours le même. Cependant, l’institution divine, violée une fois par Lamech, se maintint dans sa vigueur jusqu’à la destruction de cette race. Il n’y eut pas dans la suite de second Lamech ainsi marié à deux épouses. L’Ecriture nie ce qu’elle ne déclare pas. Ce furent d’autres iniquités qui provoquèrent le déluge ; des iniquités qui ne furent châtiées qu’une seule fois, mais non pas « soixante-dix fois sept fois, » ainsi que le méritent les doublés mariages.

Mais le genre humain, réparé de ses ruines ; renaît avec la monogamie, sa mère. Deux recommencent crôître et à multiplier dans une seule chair. Noé et son épouse, ainsi que leurs fils, ne reconnaissent qu’un seul mariage. Je rétrouve la monogamie jusque dans les animaux, afin que lés bêtes elles-mêmes ne naquissent point de l’adultère. « De tous les animaux, est-il dit, et de toute chair, tu prendras deux de chaque espèce, mâle et femelle, afin qu’ils vivent avec toi dans l’arche. Des oiseaux du ciel selon leur espèce, et de ceux qui rampent sur la térre selon leur espèce, deux entrereront avec toi, mâle et femelle. » C’est ainsi que Dieu ordonna encore au patriarche