Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/437

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ville. Mais les Romains se souillent par l’adultère sans même répudier leurs épouses. Pour nous, quand même nous répudierions les nôtres. il ne nous est pas permis de nous marier.

X. J’entends nos adversaires en appeler au témoignage de l’Apôtre. Pour saisir plus facilement le sens de ces paroles, il faut établir d’avance solidement que la femme n’en est que plus enchaînée à son mari quand, il est mort, loin de pouvoir prendre un autre époux. Rappelons-nous, en effet, que le divorce a lieu par la discorde ou établit la discorde, tandis que la mort arrive par une, loi de Dieu, non par les ressentiments de l’homme ; qu’elle est une dette qu’il nous faut tous payer, les maris comme les autres. Si donc la femme répudiée qui a été séparée de corps,et d’âme par la discorde, la colère, la haine, ou ce qui les motive, c’est-à-dire par les outrages, les mauvais traitements, ou toute espèce de sujet de plaintes, est enchaînée à son ennemi ; car je ne veux pas l’appeler son époux ; à plus forte raison la femme, qui a été moins séparée du lien conjugal qu’abandonnée par lui, sans qu’il y ail de sa faute, sans qu’il y ait de la faute de son mari, seulement par une conséquence de la loi divine, demeurera-t-elle l’épouse du défunt auquel elle doit la concorde, tout mort qu’il est. Elle n’a entendu de sa bouche aucune parole de répudiation, donc-elle ne l’a point quitté ; elle ne lui a signé aucun acte de divorce, donc elle demeure avec lui ; elle n’aurait pas voulu le perdre, donc elle le garde. Elle a pour elle la latitude du souvenir : tout ce qui lui manque de son époux, elle le rend présent à l’œil de l’imagination.

Enfin, j’interroge la femme elle-même. Dites-moi, ma sœur, avez-vous envoyé en paix votre mari devant vous ? Que répondra-t-elle ? Au milieu des dissentiments de la discorde ? Mais la voilà plus étroitement enchaînée : encore à celui avec qui il lui faudra plaider sa cause devant Dieu. Point de séparation là ou les liens subsistent. Nous nous sommes quittés dans la paix, dira-t-elle. Eh bien ! qu’