Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/481

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nous saluons dans les Apôtres la forme de l’ancienne loi par rapport à la fornication, quelle que soit la sévérité de ses prescriptions, de peur qu’elle ne semble plus douce dans la discipline nouvelle que dans l’ancienne. Lorsque l’Evangile, retentissant pour la première fois, ébranla tout ce qui était ancien, écoutez quelle est la première règle que les Apôtres, d’après l’autorité de l’Esprit saint, font entendre à ceux qui avaient commencé d’être appelés parmi les nations. « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne point vous imposer d’autres fardeaux que ceux qui sont nécessaires : que vous vous absteniez des victimes sacrifiées aux idoles, de la fornication et du sang, toutes choses dont vous ferez bien de vous garder. Que l’Esprit saint vous conduise. » H nous suffit qu’ici encore la fornication ait gardé sa place d’honneur entre l’idolâtrie et l’homicide. Car, par cette interdiction du sang, il faut surtout entendre le sang de l’homme. Or, de quel œil les Apôtres veulent-ils que nous regardions les seuls crimes qu’ils exceptent de l’observation de la loi ancienne, et dont ils nous prescrivent indispensablement de nous abstenir, non pas qu’ils permettent les autres, mais parce qu’ils déclarent ceux-là seuls irrémissibles, après avoir allégé comme rémissibles tous les autres fardeaux de la loi, par condescendance pour les païens ? Pourquoi nous délivrer d’un joug si lourd, sinon pour courber notre tête sous le joug de cette sévère discipline ? Pourquoi briser tant de liens, sinon pour nous en imposer éternellement de plus indispensables ? Ils nous ont affranchis de nombreuses servitudes pour nous enchaîner à des devoirs dont l’infraction serait plus funeste. Il y a eu une sorte de compensation : nous avons gagné beaucoup en perdant quelque chose. Une compensation ne peut se révoquer ; or, elle ne serait révocable qu’aux mêmes conditions, c’est-à-dire par la réitération de la fornication, du sang et de l’idolâtrie. Il faut reprendre la loi tout entière, si on brise la clause qui dispense