Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/495

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même corps avec celui auquel je m’attacherai par la communion.

« Tout autre péché commis par l’homme est hors du corps ; mais celui qui commet la fornication pèche contre son propre corps. » Et, de peur que tu ne t’emparasses de ce mot comme d’une permission pour l’abandonner à la fornication, parce que ce serait contre un bien qui est à toi, et non pas au Seigneur que lu pécherais ; il t’enlève à toi-même pour t’apprendre que lu appartiens au Christ : « Vous n’êtes plus à vous-même, » ajoute-t-il. Pourquoi cela ? « parce que, poursuit-il aussitôt, vous avez été achetés d’un grand prix, » au prix du sang de noire Seigneur. « Glorifiez donc, et portez Dieu dans votre corps. » Je te le demande, l’homme qui impose ces préceptes a-t-il pu pardonner à celui qui, insultant au Seigneur, le chassa de son propre corps, et cela par l’inceste ?

Veux-tu connaître à fond l’Apôtre, afin de comprendre avec quelle vigueur il porte la hache dans la forêt des passions pour les extirper jusque dans leurs racines, sans jamais leur permettre de germer de nouveau ? écoule les vœux qu’il forme pour que l’ame s’abstienne de la moisson légitime de la nature, je veux parler du fruit du mariage. « Sur ce que vous m’avez écrit, je vous dirai qu’il est avantageux à l’homme de ne s’approcher d’aucune femme. Mais, pour éviter la fornication, que chaque homme vive avec sa femme, et chaque femme avec son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et la femme ce qu’elle doit à son mari. » Qu’il ne se soit relâché sur l’usage de ce bien que malgré lui, et pour prévenir la fornication, qui l’ignore ? S’il l’a permis et le permet encore à quelqu’un, dès qu’il ne le propose que comme un remède, il en infirme l’usage, et il persisterait à enchaîner les mariages à la loi de la continence, s’il ne redoutait la fornication à cause de laquelle il les autorise. Remarquons-le toutefois : il excuse le mariage, comme il