Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/86

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elle même de nature à ne pouvoir être regardée que comme créée de quelque chose, je la supposerai infailliblement encore créée de tout autre Matière que la Matière dont elle est créée, si vous ne m’exposez pas de quelle Matière elle l’a été. Conséquemment, si Dieu n’avait pu faire toutes choses de rien, quand même l’Ecriture n’aurait pas ajouté qu’il a créé toutes choses de rien, elle aurait dû déclarer absolument qu’il les avait créées de la Matière, s’il les avait réellement créées de la Matière, parce que l’un devait se comprendre, même sans avoir besoin d’être exprimé, tandis que l’autre restait toujours en doute, s’il n’était formellement énoncé.

XXII. Que tel ait été le motif du silence qu’a gardé l’Esprit saint dans cette Ecriture, cela est si vrai, qu’en parlant d’une œuvre et de son auteur, il ne manque jamais d’y joindre la Matière d’où elle provient : « Que la terre, dit-il, produise les plantes verdoyantes avec leur semence, les arbres avec des fruits chacun selon son espèce, qui renferment en eux-mêmes leur semence, pour se reproduire sur la terre. Et il fut ainsi. La terre produisit donc des plantes qui portaient leur graine suivant leur espèce, et des arbres fruitiers qui renfermaient leur semence en eux-mêmes suivant leur espèce. » Et ailleurs : « Dieu dit encore : Que les eaux produisent les animaux qui nagent, et que les oiseaux volent sur la terre et sous le ciel ! Et il fut ainsi. Et Dieu créa les grands poissons et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement que les eaux produisirent, chacun selon son espèce. » Puis, quelques lignes plus bas : « Dieu dit aussi : Que la terre produise des animaux chacun selon son espèce, les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes sauvages selon leurs différentes espèces. » Si donc Dieu, en tirant des choses qu’il avait déjà créées des choses nouvelles, déclare et montre par la bouche du prophète ce qu’il en a tiré, quoiqu’il nous fût possible de penser qu’elles avaient été tirées d’une chose ou d’une autre,