Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/96

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l’abîme sans aucun doute étaient au-dessous de la terre. Quant à l’Esprit et aux eaux, ils étaient placés au-dessous du ciel. Car si les eaux étaient sur la terre, puisqu’elles l’avaient couverte, et que l’Esprit fût sur les eaux, l’Esprit et les eaux étaient également au-dessus de la terre. En étant au-dessus de la terre, ils étaient par là même au-dessous du ciel. De même que la terre embrassait l’abîme et les ténèbres, de même le ciel renfermait dans son sein l’Esprit et les eaux.

Ce n’est donc pas une chose nouvelle que de nommer seulement le contenant, parce qu’il est la chose principale, en y comprenant le contenu comme chose qui en fait partie. Que je dise, par exemple, la ville a bâti un théâtre et un cirque ; la scène était de telle et telle nature ; des statues bordaient le canal ; l’obélisque dominait tout l’ensemble. Quoique je n’aie point dit formellement que ces différentes espèces d’ornements ont été construites par la ville, ne sera-t-il pas vrai qu’elle les a construites en même temps que le cirque et le théâtre ? N’ai-je point ajouté qu’elles avaient été faites du moment qu’elles se trouvent dans les édifices dont j’ai affirmé tout à l’heure la construction, et que l’on a pu comprendre qu’elles étaient là où elles étaient ?

Mais laissons cet exemple, puisqu’il est emprunté aux choses humaines. L’autorité de l’Ecriture elle-même va m’en fournir un autre. « Le Seigneur, dit-elle, forma l’homme du limon de la terre ; il répandit sur son visage un souffle de vie, et l’homme eut une ame vivante. » Elle nomme ici le visage de l’homme. Dit-elle qu’il a été créé par Dieu ? Elle parle ensuite de côte, d’os, de chair, d’yeux, de sueur et de sang. Indique-t-elle qu’ils soient l’ouvrage de Dieu ? Que répondra Hermogène ? Les membres de l’homme appartiendraient-ils à la Matière incréée, parce qu’il n’est pas déclaré explicitement que chacun d’eux a été créé ? Ou bien sont-ils compris dans la formation de l’homme ? J’en dis autant de l’abîme, des ténèbres,