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Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/152

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son hôte avait appris d’abord que Paul était destiné pour être un vaisseau d’élection. La bonté spéciale de Dieu se fait distinguer par certains privilèges. Au reste, eu égard à l’état, à la disposition et à l’âge, il est plus expédient de différer le baptême que de le donner d’abord surtout aux petits enfants ; car pourquoi, s’il n’y a pas de nécessité pressante, exposer les parrains à un très-grand péril ? Ceux-ci peuvent mourir, par conséquent ils ne peuvent acquitter leurs promesses ; s’ils vivent, le mauvais naturel des enfants peut tromper leurs espérances.

Il est vrai que notre Seigneur a dit au sujet des enfants : "Ne les empêchez pas de venir à moi." Qu’ils viennent donc lorsqu’ils seront plus avancés en âge ; qu’ils viennent lorsqu’ils seront en état d’être instruits, afin qu’ils connaissent leurs engagements. Qu’ils commencent par savoir Jésus-Christ, avant que de devenir chrétiens. Pourquoi tant presser de recourir à la rémission des péchés un âge encore innocent ? Les hommes du siècle en usent avec plus de précaution ; ils n’osent confier l’administration des biens terrestres à des enfants auxquels cependant on se hâte de distribuer les biens du ciel. Que les enfants apprennent donc à demander le salut, afin qu’il paraisse qu’on n’accorde qu’à ceux qui demandent. Il n’y a pas moins de raison de différer les adultes qui ne sont point encore mariés, parce que dans cette situation ils sont trop exposés à des tentations violentes : les garçons et les filles, à cause de la maturité de leur âge, et les veuves, à cause de leur dissipation au dehors. Qu’ils attendent donc les uns et les autres jusqu’à ce qu’ils soient mariés, ou qu’ils soient bien affermis dans la continence. Si l’on comprend bien les obligations importantes que l’on contracte par le baptême, on craindra plus de le recevoir que de le différer. La foi parfaite n’a rien à craindre pour le salut.

XIX. Le jour solennel du baptême est le jour de Pâques, lorsque le temps de la passion de notre Seigneur, |p