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Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/239

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aussi la patience d’un père tendre et charitable qui va recevoir l’enfant prodigue, qui lui fait un festin, qui l’excuse auprès d’un frère impatient et irrité. Il est ressuscité cet enfant malheureusement perdu ; il est ressuscité parce qu’il s’est repenti, et la patience l’a sauvé parce que la patience a secouru la pénitence.

Quant à ce qui regarde la charité, on le sait elle est comme le grand sacrement de notre foi, le trésor inestimable de notre religion, la vertu souveraine que l’apôtre nous recommande avec un zèle tout brûlant du feu du Saint-Esprit. Mais cette vertu, tout excellente qu’elle est, n’est-elle pas formée, pour ainsi parler, dans l’école de la patience ? « La charité, dit saint Paul, est magnanime  ; » c’est un effet de la patience. « Elle est bienfaisante ; » la patience ignore ce que c’est que de faire du mal. « Elle n’est point jalouse ; » c’est ce qui convient parfaitement à la patience. « Elle n’est point arrogante ; » sa modestie lui vient de la patience. « Elle ne s’enorgueillit point ; elle ne traite personne avec mépris ; elle ne cherche point ses intérêts ; » au contraire elle sacrifie en faveur du prochain ; « elle ne se met point en colère. » En un mot, elle n’a rien laissé à l’impatience. C’est pourquoi, ajoute l’apôtre, « la charité souffre tout, elle tolère tout, » sans doute parce qu’elle est patiente. C’est donc très justement qu’il est dit que « la charité ne finira jamais. » Les autres choses auront leur fin. Langues, sciences, prophéties cessent, périssent, sont anéanties : « la foi, l’espérance, la charité demeurent. » La foi, c’est-à-dire cette connaissance infaillible que la patience de Jésus-Christ nous a communiquée ; l’espérance, c’est-à-dire cette assurance de la gloire que la patience de l’homme attend continuellement ; la charité, c’est-à-dire cet amour surnaturel que la patience accompagne, suivant les préceptes de Dieu notre souverain maître.

XIII. Jusqu’ici nous avons parlé de la patience en tant qu’elle regarde l’âme particulièrement. Voyons maintenant combien la