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Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/254

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la nature connaissait bien que toutes les choses desquelles les spectacles sont composés sont de Dieu, mais qui manquaient en science. Sachez aussi que toutes choses sont renversées par le diable. Mais en faveur de nos chrétiens qui prennent tant de plaisir à voir ces comédies et bouffonneries, et autre telle manière de jeux, nous avons à plain écrit en grec de cette matière.

VII. Partant que ces couronnés reconnaissent cependant l’autorité de la nature, comme celle qui est la commune mère, par laquelle ils peuvent contempler et connaître et les hommes et les gages de leur propre religion, et ceux qui servent de plus près le Dieu de la nature, et ainsi pareillement comme de surcroît toutes les autres raisons, lesquelles défendent que nous ne portions pas en tête de couronnes, en mille façons : car je suis pressé de me tourner de la généralité de l’usage et discipline de la nature, à la défense et tuition de la spécialité de la discipline chrétienne par les autres sortes et espèces de couronnes qu’on voit être destinées à autres usages, comme celles qui sont composées d’autre matière, de peur qu’on ne croie qu’elles ne peuvent être prohibées d’une secte, pour autant qu’elles ont échappé les bornes de la nature, à cause qu’elles ne sont ainsi que cette couronne militaire de laurier, faites des fleurs que la nature nous a marquées et désignées pour l’usage. Il me faut donc traiter ceci plus curieusement, et au long, et le ramener depuis son origine jusqu’à son progrès et sa fin. Les lettres humaines nous sont nécessaires pour cela, car il faut prouver les choses humaines par leurs actes et instruments. Je crois que le peu que j’ai touché suffira. S’il y a eu quelque Pandore, laquelle (comme témoigne Hésiode) fut la première femme, elle a été couronnée par les Grâces, lorsque chacun lui offrit des dons, d’où elle a pris son nom. Mais ce pasteur prophétique, et non poétique, Moïse, nous représente Ève, la première femme, ayant plutôt sa vergogne couverte de feuilles que son front entouré de fleurs. Cette Pandore donc n’a point été. Mais l’origine de la couronne est toujours honteuse, soit qu’on l’attribue à ce