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Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/262

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prince celui qui l’a déjà prise de Dieu ? Celui qui est mort et qui attend d’être éveillé par la trompette de l’ange, sera-t-il éveillé par la trompette d’un trompette ? Le chrétien sera-t-il brûlé selon la discipline militaire, lui à qui il n’a été loisible de brûler et auquel Jésus-Christ a remis la peine du feu ? Combien d’autres actes se commettent-ils au camp et aux exploits militaires, qui ne peuvent être attribués qu’au péché ? Même s’enrôler aux bandes des ténèbres, venant de celles de la lumière, est transgresser. Autre chose est de ceux qui étaient soldats avant d’être chrétiens, comme ceux que saint Jean baptisait, et le très-fidèle centurion que Jésus-Christ approuve, et que Pierre catéchise, pourvu qu’après avoir reçu la foi et s’être souscrit à celle-ci, on s’en départe, comme plusieurs ont fait, ou bien qu’on prenne bien garde de ne commettre contre Dieu des choses qui ne sont pas même permises par les lois militaires, voire même de souffrir à l’extrémité pour l’amour de Dieu ce que la foi païenne commande, car l’état militaire ne permet ni impunité de forfaits ni impunité de martyre. Jamais le chrétien n’est autre que chrétien, en quelque part qu’il soit. Il n’y a qu’un Évangile, qu’un Jésus-Christ. C’est lui qui désavoue ceux qui le désavouent, et qui confesse et avoue ceux qui confessent et avouent Dieu, et qui sauve l’âme qui se perd pour son nom, et au contraire perd celle qui s’est voulu sauver contre et au préjudice de son nom. Envers Dieu, autant est le soldat païen fidèle, que le soldat païen infidèle. L’état du fidèle ne reçoit point d’excuse fondée sur la nécessité. Il n’y a aucune nécessité à pécher à ceux auxquels cette seule nécessité est imposée de ne point pécher ; car on est bien pressé par force de tourments ou de peine à sacrifier et à nier Dieu tout à plat. Toutefois notre discipline n’excuse, ni ne convient point à cette nécessité ; car il y a plus grande nécessité de souffrir le martyre et de craindre de renoncer Dieu, que d’éviter le tourment et s’acquitter de sa charge. Au demeurant, cette manière de raison renverse toute l’essence et le fondement du serment fait envers Dieu, voire tant qu’il autorise et lâche la bride aux