Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/266

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et combien qu’il semble que ce soit liberté, si semble-t-il aussi servitude. Toutes les choses du monde sont imaginaires, il n’y arien de vrai. Car pour lors qu’il semblait à l’homme que tu fusses libre, tu étais le racheté de Jésus-Christ, et à présent tu es le serf de Jésus-Christ, combien que tu sois affranchi par l’homme. Si la liberté du monde semble la vraie liberté, et à cette occasion tu approuves le caractère de cette couronne, tu es remis .sous la servitude de l’homme, que tu estimes liberté, et as à l’opposite perdu la liberté de Jésus-Christ, que tu tiens pour servitude. Ne dirons-nous rien des causes et raisons des couronnes qui se donnent aux jeux et combats de prix, et lesquelles sont condamnées par leurs propres noms et titres, à savoir parce qu’elles sont sacrées et funèbres, car il ne reste rien que de couronner Jupiter Olympien, ou Hercule le Neméen, ou le chétif Archemore, le misérable Antinous, en la personne du chrétien pour servir lui-même de spectacle en une chose que lui-même ne devrait voir en une autre. J’ai récité, comme je pense, toutes les diverses causes et motifs qui ont donné vogue et introduit l’usage des couronnes, sans qu’il y en ait aucunes qui nous soient convenables ; elles sont toutes étrangères, profanes, illicites, et abjurées dès l’entrée du serinent et profession, car elles étaient pompes de Satan et de ses anges, charges et offices du monde, honneur qui requéraient des solennités, faux vœux, services humains, louanges, vaine gloire déshonnête, et en toutes ces choses une idolâtrie, qui paraît au seul dénombrement des couronnes, desquelles toutes ces vanités sont entourées. Claudius me dira que dans Homère le ciel est couronné d’étoiles, que c’est Dieu qui l’a couronné, et ce en faveur de l’homme, et qu’il faut donc que l’homme soit couronné de Dieu. Mais le monde couronne les mauvais lieux, les latrines, les moulins, la prison, les écoles, les amphithéâtres, et les lieux ou on se dépouille pour entrer au bain, et les cimetières et sépulcres des morts. Ne juge point la sainteté, ni la bienséance, ni la pureté de cet habit ou ornement par le ciel, que les poètes ont feint être couronné. Mais fais-en estime