parce que nous usons en frères de notre patrimoine, qui chez vous brise généralement la fraternité.
11. Ainsi donc, étroitement unis par l’esprit et par l’âme, nous n’hésitons pas à partager nos biens avec les autres. Tout sert à l’usage commun parmi nous, excepté nos épouses. — 12. Nous rompons la communauté, là précisément où les autres hommes la pratiquent ; car ils ne se contentent pas de prendre les femmes de leurs amis, mais prêtent très patiemment leurs propres femmes à leurs amis. Ils suivent en cela, je pense, l’enseignement de leurs ancêtres et des plus grands de leurs sages, du Grec Socrate, du Romain Caton, qui cédèrent à leurs amis des femmes qu’ils avaient épousées, sans doute, pour qu’elles leur donnassent des enfants ailleurs encore que chez eux ! — 13. Et peut-être n’était-ce pas malgré elles ; car quel souci pouvaient avoir de la chasteté des épouses que leurs maris avaient données si facilement ? Quels modèles de la sagesse athénienne, de la gravité romaine ! Un philosophe et un censeur qui se font entremetteurs !
14. Quoi donc d’étonnant qu’une si grande charité ait des repas communs ? Car nos modestes repas, vous les accusez non seulement d’une criminelle infamie, mais encore de prodigalité ! C’est à nous, sans doute, que s’applique le mot de Diogène : « Les Mégariens mangent comme s’ils allaient mourir demain et ils bâtissent comme s’ils ne devaient jamais mourir. » Mais on voit plus facilement une paille dans l’œil d’autrui qu’une poutre dans le sien. -15. Pendant que tant de tribus, de curies et de décuries vomissent, l’air devient acide ! Quand les Saliens tiendront leur banquet, il leur faudra un crédit ouvert ; pour supputer les dépenses qu’occasionnent les dîmes d’Hercule et les banquets sacrés, il faudra des teneurs de livres ; aux Apaturies, aux Dionysies, aux mystères attiques, on 3