Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/17

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Chapitre PREMIER

1. Magistrats de l’Empire romain, qui présidez, pour rendre la justice, dans un lieu découvert et éminent, presque au sommet même de la cité, s’il ne vous est pas permis d’examiner devant tout le monde et de peser sous les yeux de tous la cause des chrétiens pour la tirer au clair ; si, dans cette espèce seule, votre autorité craint ou rougit d’informer en public, avec une attentive justice ; si enfin, comme il est arrivé naguère, la haine pour notre secte, trop occupée des jugements domestiques, ferme la bouche à la défense, qu’il soit du moins permis à la vérité de parvenir à vos oreilles, silencieusement, par la voie secrète d’un plaidoyer écrit.

2. La vérité ne demande point grâce pour elle, parce qu’aussi bien elle ne s’étonne pas de sa condition. Elle sait qu’elle vit dans ce monde en étrangère ; que, parmi des étrangers, elle trouve facilement des ennemis, que d’ailleurs c’est dans les cieux qu’elle a sa famille, sa demeure, son espérance, son crédit et sa gloire. En attendant, elle n’a qu’un désir, c’est de ne pas être condamnée sans être connue. — 3. Qu’ont ici à perdre vos lois, qui commandent souverainement dans leur propre empire, si la vérité était étendue ? Est-ce que par hasard leur puissance éclatera mieux, si elles condamnent la vérité, même sans l’entendre ? Mais, si elles la condamnent sans l’entendre, outre l’odieux de l’iniquité,