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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/22

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les absous-tu pas aussi ? Pour la recherche des brigands, il y a dans chaque province un détachement militaire désigné par le sort ; contre les criminels de lèse-majesté et les ennemis de l’État, tout homme est soldat et la recherche s’étend aux complices, aux confidents. — 9. Le chrétien seul, il n’est pas permis de le rechercher, mais il est permis de le dénoncer, comme si la recherche avait un autre but que la dénonciation ! Vous condamnez donc un chrétien dénoncé, alors que personne n’a voulu qu’il fût recherché ! Et je le crains bien, s’il mérite un châtiment, ce n’est pas parce qu’il est coupable, mais parce qu’il s’est fait prendre, alors qu’il ne devait pas être recherché.

10. Mais voici un autre point, on vous ne nous traitez pas non plus d’après les formes de la procédure criminelle : c’est que, quand les autres accusés nient, vous leur appliquez la torture pour les faire avouer ; aux chrétiens seuls vous l’appliquez pour les faire nier. Et pourtant, si c’était un crime d’être chrétien, nous nierions et vous auriez recours à la torture pour nous forcer d’avouer. Et en effet, il n’est pas vrai que vous croiriez inutile de rechercher par la torture les crimes des chrétiens, parce que l’aveu du nom de chrétien vous donnerait la certitude que ces crimes sont commis car vous-mêmes, chaque jour si un meurtrier avoue, bien que vous sachiez ce que c’est que l’homicide, vous lui arrachez par la torture les circonstances de son crime. — 11. Par conséquent, c’est contrairement à toutes les règles de la justice que, présumant nos crimes d’après l’aveu de notre nom, vous nous forcez par la torture à rétracter notre aveu, pour nous faire nier, en même temps que notre nom, tous les crimes que l’aveu du nom vous avait fait présumer.

12. Mais peut-être ne voulez-vous pas que nous périssions, nous que vous considérez comme de grands