Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/24

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16. Enfin, il n’est pas un juge qui désire acquitter l’accusé en aveu ; il n’est pas permis de le vouloir. C’est aussi pourquoi on ne contraint personne de nier. Un chrétien, tu le crois coupable de tous les crimes, ennemi des dieux, des empereurs, des lois, des mœurs, de la nature entière, et tu le forces de nier, pour l’acquitter, ne pouvant l’acquitter que s’il nie. — 17. Tu éludes les lois. Tu veux donc qu’il nie son crime, pour le déclarer innocent, et cela malgré lui et bien que dans le passé il ne fût pas coupable. D’où vient cet aveuglement étrange qui vous empêche de réfléchir qu’il faut plutôt croire un accusé qui avoue spontanément que celui qui nie par force ; ou encore de penser qu’il est à craindre que, contraint de nier, il ne nie pas sincèrement et que, absous, à l’instant même, après avoir quitté le tribunal, il ne rie de votre haine, étant redevenu chrétien ?

18. Puisque donc, en toutes choses, vous nous traitez autrement que les autres criminels, puisque tous vos efforts ne tendent qu’à nous faire perdre le nom chrétien - nous le perdons, en effet, si nous faisons ce que font ceux qui ne sont pas chrétiens - vous pouvez conclure que ce n’est pas un crime qui est en cause, mais un nom, et ce nom est poursuivi par une œuvre de haine qui n’a qu’un seul but : c’est d’amener les hommes à refuser de connaître une chose qu’ils sont sûrs de ne pas connaître. — 19. Aussi croient-ils sur notre compte des choses qui ne sont pas prouvées, et refusent&endash ; ils de s’en enquérir, de crainte qu’on ne leur prouve le contraire de ce qu’ils veulent croire, afin de pouvoir condamner ce nom si odieux à cette même œuvre de haine, non pas en prouvant les crimes, mais en les présumant, et après un simple aveu.

Si l’on nous met à la torture quand nous avouons, si l’on nous punit quand nous persévérons, et si l’on