Aller au contenu

Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

loi vaine et absurde, qui force de procréer des enfants avant le temps fixé pour le mariage par la loi Julia, malgré l’autorité que lui donnait sa vieillesse, n’a-t-elle pas été abrogée naguère par Sévère, le plus ferme des princes ? Et puis encore, il existait des lois qui permettaient aux créanciers de couper en morceaux les (débiteurs) condamnés ; d’un commun consentement, cette loi cruelle fut plus tard abolie. La peine de mort fut commuée en note d’infâmie : on eut recours à la confiscation des biens et l’on préféra faire monter le sang (le rouge de la honte) au visage du débiteur que de le répandre.

10. Combien de lois, qui passent inaperçues jusqu’ici, vous reste-t-il à réformer ? Elles ne sont protégées ni parle nombre des années, ni par la dignité de leurs auteurs, mais par l’équité seule. Et voile. pourquoi, quand elles sont reconnues injustes, elles sont à bon droit condamnées, quand bien mêmes elles condamnent. — 11. Mais pourquoi dis-je « injustes » ? Bien plus, quand elles punissent un nom, il faut même les appeler « insensées » ; si ce sont des actes qu’elles condamnent, pourquoi punissent-elles nos actes à cause du nom seul, elles qui poursuivent, chez les autres, les crimes prouvés par le fait et non par le nom ? Je suis incestueux : pourquoi ne fait-on pas d’enquête ? Ou infanticide : pourquoi ne m’arrache-t-on pas un aveu par la, torture ? Ou je commets un crime envers les dieux, envers les Césars : pourquoi ne pas m’entendre, moi qui puis me justifier ? — 12. Aucune loi ne défend d’examiner ce qu’elle interdit de commettre, parce que le juge n’est pas en droit de punir, s’il ne reconnaît qu’on a commis ce qui n’est pas permis, de même que le citoyen ne peut obéir fidèlement à la loi, s’il ignore ce que la loi punit. — 13. Il ne suffit pas que la loi seule ait conscience de sa justice ; elle doit cette conscience à