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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/35

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déjà dit, remonte à Tibère. La vérité a été détestée, dés qu’elle est née : aussitôt qu’elle a paru, elle est traitée en ennemi. Autant d’étrangers, autant d’ennemis, et spécialement les Juifs par haine, les soldats par besoin d’exactions, et nos serviteurs eux-mêmes par leur nature. — 4. Tous les jours on nous assiège, tous les jours on nous trahit, et bien souvent, jusque dans nos réunions et nos assemblées même, on nous fait violence. — 5. Qui donc est jamais survenu pour entendre les vagissements de cet enfant égorgé, comme on le dit ? Qui donc a jamais pu conserver, pour les montrer au juge, ces lèvres couvertes de sang, comme celles des Cyclopes et des Sirènes ? Avez-vous jamais surpris dans vos épouses chrétiennes quelque trace immonde ? Qui donc, ayant découvert de pareils faits, les a tenus cachés et a vendu son secret, tout en traînant les auteurs devant les tribunaux ? Si nous nous cachons toujours, quand donc les crimes que nous commettons ont-ils été mis au jour ?

6. Ou plutôt qui a pu les révéler ? En effet, ce ne sont pas les coupables eux-mêmes, assurément, puisque la règle formelle de tous les mystères impose un silence inviolable. Les mystères de Samothrace et d’Eleusis sont tenus secrets : à combien plus forte raison le sont des mystères dont la révélation provoquerait la vengeance des hommes, en attendant celle de Dieu ? — 7. Si donc les chrétiens n’ont pu se trahir eux-mêmes, il faut conclure que les traîtres sont des étrangers. Mais d’où les étrangers ont-ils eu connaissance de nos mystères, puisque toujours les initiations, même les initiations pieuses, éloignent les profanes et se gardent des témoins, à moins qu’on ne dise que les impies craignent moins ?

8. La nature de la renommée est connue de tous. Ce mot est d’un des vôtres : « La renommée est un fléau plus