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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/83

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Capitoles son fameux tombeau, afin de s’assurer l’empire du monde à cette terre qui recouvrit les cendres de Jupiter ? — 8. Et Junon aurait-elle voulu que la ville punique, qu’elle chérissait plus que Samos, fût détruite, et précisément par les descendants d’Énée ? Autant que je sache, « c’est là que furent ses armes, que fut son char ; faire de cette ville la reine des nations, si les destins le permettaient, c’était dès lors le but de ses efforts et son vœu ardent » (Virg., Énéide, 1,16-18). Et cette malheureuse, « à la fois épouse et sœur de Jupiter » (Ibid., 46), n’a pu rien faire contre les destins ! Il est vrai que « Jupiter lui-même est soumis au destin ». — 9. Et pourtant, à ces destins qui leur ont livré Carthage en dépit de là volonté et du désir de Junon, les Romains n’ont pas rendu autant d’hommages qu’à une Larentina, infâme prostituée !

10. Plusieurs de vos dieux ont régné, cela est constant. Or, s’ils possèdent maintenant le pouvoir d’accorder l’empire, au temps où ils régnaient eux-mêmes, de qui avaient-ils reçu cette faveur ? Quel dieu Saturne et Jupiter avaient-ils adoré ? Un Sterculus, apparemment ? Mais ce n’est que plus tard que les Romains sont venus avec leur « formulaire d’invocations », où figure Sterculus. -11. De plus, si certains de vos dieux n’ont pas régné, de leur temps il y avait des rois qui n’étaient pas encore leurs adorateurs, puisqu’eux-mêmes n’étaient pas encore considérés comme dieux. Donc c’est à d’autres qu’il appartient de dispenser les royaumes, car il y avait des rois bien avant que ces dieux fussent au rang des dieux.

12. Mais comme on est peu fondé à attribuer la grandeur du nom romain aux mérites de la piété, puisque la religion n’a progressé qu’après l’établissement de l’empire, ou plutôt du royaume - car ce n’était qu’un royaume ! En effet, s’il est vrai que c’est Numa qui a