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Page:Tertullien - Apologétique, trad Valtzing, 1914.djvu/88

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3. Nous voici donc arrivés au second chef d’accusation, c’est-à-dire celui d’avoir lésé une autre majesté, plus auguste que celle des dieux, car vous servez César avec une terreur plus grande et une crainte plus avisée que Jupiter Olympien lui-même. Et cela est juste, si vous vous rendiez compte de ce que vous faites. Quel est en effet le vivant, quel qu’il soit, qui ne vaille mieux qu’un mort ? — 4. Mais, ici encore, vous n’agissez pas tant par réflexion que par respect pour une puissance toujours prête à agir ; aussi, en ce point encore, vous êtes convaincus d’impiété à l’égard de vos dieux, puisque vous vouez plus de crainte à un maître humain qu’à eux. Car enfin, chez vous, on hésite moins à se parjurer au nom de tous les dieux qu’en prenant à témoin le seul génie de César.


Chapitre XXIX

1. Qu’il soit donc d’abord bien établi si ces dieux auxquels on sacrifie peuvent accorder le salut aux empereurs ou à n’importe quel homme ; et vous pourrez nous accuser de lèse-majesté, si des anges déchus ou des démons, esprits tout à fait malfaisants par leur nature, font quelque bien ; si des êtres perdus sauvent, si des condamnés libèrent quelqu’un, si enfin - et dans votre for intérieur vous savez ce qu’il en est - des morts protègent des vivants. — 2. Ceux-là, en effet, commenceraient assurément par protéger leurs propres statues, leurs images et leurs temples, lesquels, je pense, ne doivent leur conservation qu’à la protection des gardes que lui donnent les Césars. D’autre part, je crois, les matériaux dont ils sont faits viennent eux-mêmes des mines de l’empereur et tous les temples dépendent de la volonté de César. — 3. Enfin, beaucoup de dieux ont provoqué la colère de César ; et, s’ils l’ont